Zhang Yimou est né le 14 novembre 1951 à Xian, dans la province chinoise de Shaanxi. Il est élève du cycle secondaire lorsque la Révolution Culturelle éclate, en 1966. Ses études sont alors interrompues, et, en 1968, il est envoyé à la campagne pour y travailler, d’abord dans des fermes puis comme manœuvre dans une filature. Lorsque l’Académie de Cinéma de Pékin organise un examen à l’échelle nationale en 1978, Zhang Yimou réussit brillamment bien qu’il ait dépassé l’âge limite d’inscription. Il obtiendra son diplôme en 1982, dans la catégorie “prise de vues”. Avant de faire partie de ceux que l’on surnommera les “cinéastes de la cinquième génération” (soit les premiers à obtenir un diplôme après la Révolution Culturelle), il est engagé au Guangxi Film Studio puis, trois ans plus tard, entre au Xian Film Studio où il travaille comme directeur de la photo sur des films de Zhang Junchao et de Chen Kaige. Le jeune réalisateur, après une courte mais prometteuse carrière d’acteur (il décroche le Prix d’interprétation du Festival de Tokyo pour son rôle dans Lao Jing de Tiang Ming Wu) effectue finalement ses premiers pas derrière la caméra avec Le sorgho rouge, premier opus des six films qu’il va consacrer à la star montante du cinéma chinois, Gong Li, qu’il a lui-même découverte alors qu’elle était étudiante. Le film, qui raconte comment une jeune fille est sauvée des griffes d’un bandit par un porteur de palanquin, porte déjà la griffe qui va caractériser son auteur : esthétisme très poussé, notamment sur les couleurs et les jeux de lumières, rythme tout en langueur asiatique, histoire d’amour passionnelle axée sur un symbolisme universel des sentiments… Ce premier film, dans lequel le réalisateur tient également un rôle important, obtiendra l’Ours d’or du Festival de Berlin en 1988. Après Ju Dou, le sang du père (nommé à l’Oscar en 1991), encore avec Gong Li, c’est finalement Epouses et concubines qui consacre à la fois le réalisateur comme l’actrice sur le plan mondial. Un film de superbe facture, dans laquelle Gong Li, plus star que jamais, essaie de se faire une place dans le harem d’un riche propriétaire. Un huis clos machiavélique et superbement filmé, qui est un immense succès populaire dans le monde entier et se retrouve nominé une nouvelle fois aux Oscars et remportant le Lion d’argent au Festival de Venise. Le Lion d’or sera pour l’année suivante, avec Qiu Ju, une femme chinoise, dans lequel Zhang s’amuse à casser l’image de porcelaine de Gong Li en lui faisant jouer une paysanne qui cherche, auprès d’instances judiciaires corrompues, à venger un outrage fait à son mari. Suivront la grande fresque Vivre !, toujours avec Gong Li, et le polar “années 30” Shanghai triad, dans lequel Gong, toujours elle, incarne une luxuriante chanteuse de cabaret, épouse d’un chef des triades. L’époque Gong Li révolue, il s’agit désormais pour Zhang Yimou de trouver un second souffle. Keep Cool brise le moule du film fastueux à costumes en situant son triangle amoureux dans la Chine contemporaine. Mais le film reste inédit en France. Ce qui n’est pas le cas de Pas un de moins, un portrait “à la manière de Kiarostami” d’une jeune fille parachutée institutrice dans un village perdu au fin fond de la Chine. Une très jolie surprise. Ce qui n’est pas le cas de The Road Home, mais pour la simple et bonne raison que ce film-là non plus ne connaîtra aucune exploitation commerciale en France. Enfin, sortait en 2002 Happy times, comédie sentimentale un peu larmoyante autour d’un homme qui fait croire des choses qui n’existent pas à une aveugle afin de s’en faire aimer. Avec Hero, c’est le retour pour le réalisateur à un cinéma plus ambitieux, plus proche du renouveau récent du cinéma asiatique dans le genre “grand spectacle” (dont Tigre et dragon est le fer de lance). Entre-temps, Zhang Yimou a dirigé l’opéra de Puccini “ Turandot ” à Florence, avec Zubin Mehta à la direction d’orchestre, et les deux hommes se sont retrouvés un an plus tard pour remonter à nouveau l’opéra, mais cette fois dans le cadre de la Cité Interdite de Pékin.
|