Né le 20 mars 1967, Xavier Beauvois passe son enfance dans le Nord de la France, dévoré par une passion : le cinéma. Alors qu'il est promis à une vie ouvrière, il s'accroche envers et contre tout à ce qui le fait réellement exister. Au cours d'une conférence donnée dans une université par Jean Douchet, Beauvois fait la connaissance de cet historien du cinéma, contemporain de la Nouvelle Vague, qui s'attache à la personnalité fiévreuse du jeune aspirant réalisateur. Il l'aidera à effectuer ses premiers pas à Paris, et à rencontrer des personnalités comme Serge Daney, qui contribueront à confirmer les désirs cinématographiques du jeune homme. Lauréat du Prix de Rome section cinéma, Xavier Beauvois réalise un court métrage carcéral, Le matou, en 1986, puis travaille comme assistant pour André Téchiné (Les innocents) et Manoel de Oliveira. Acteur dans Le ciel de Paris, premier et unique film de Michel Béna, Xavier Beauvois s'octroie, en 1991, le rôle principal de son premier film, Nord, la chronique noire et douloureuse d'une adolescence déchirée par l'alcoolisme du père et un désir incestueux pour la mère. Un film semi-autobiographique, qui reçoit un accueil critique dithyrambique, se retrouve primé au Festival de Montréal et nominé aux César. Secret, taciturne, Xavier Beauvois incarne alors le jeune cinéma français avec une exigence qui ne trouve que peu d'échos. Hors des écoles ou des modes, loin de la cohorte médiatique, il continue son parcours discret mais tenace en faisant l'acteur, notamment chez Michel Deville (Aux petits bonheurs), puis en s'attachant à la réalisation d'un nouveau film en 1994, N'oublie pas que tu vas mourir. Cette errance d'un jeune homme (encore incarné par ses soins) qui se découvre séropositif et effectue un voyage entre ombre (la drogue) et lumière (l'amour d'une jeune fille dans une Italie ensoleillée) est présenté en Sélection officielle à Cannes 1994, mais est difficilement reçu par la critique, qui lui reproche un romantisme adolescent, puis par le public. Xavier Beauvois continue alors à faire l'acteur, notamment sous la direction de Jacques Doillon (dans Ponette, il est le père de la petite fille), de Bernard-Henri Lévy (Le jour et la nuit) ou encore de Philippe Garrel (Le vent de la nuit). Retour aujourd'hui à la réalisation avec un troisième film, Selon Matthieu, et le premier dans lequel il n'apparaît pas.
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