Né le 22 juillet 1955 à Appleton (Wisconsin), dans une famille de huit enfants, Willem Dafoe est le seul de la tribu à avoir embrasser une carrière artistique. Il fait ses classes pendant deux ans dans le théâtre expérimental avec une troupe de Milwaukee, avant de faire ses valises, direction New York, en 1977. Il y intègre le Performance Group, où il rencontre la directrice artistique, Elizabeth LeCompte, qui deviendra son épouse. Tous deux fondent ensuite le Wooster Group, toujours axé autour du théâtre d'avant-garde. Tout en ne lâchant pas le théâtre, Willem Dafoe va bâtir, tout au long de ces vingt dernières années, une carrière cinématographique singulière, à l'image de son physique anguleux et troublant, qui le prédestine dans un premier temps aux rôles de salauds. Il débute en 1979 dans La porte du paradis, fresque ambitieuse mais surtout four commercial qui coule la major Artistes Associés. On le retrouve ensuite en vampire de la nuit, parmi la horde des Prédateurs filmés par Tony Scott, ou bien encore roi du gang des motards sillonnant Les rues de feu pour Walter Hill, puis à la tête d'un trafic de fausse monnaie dans le désormais culte Police fédérale Los Angeles. En 1986, grâce à Oliver Stone et à son Platoon, l'acteur change de registre dans la peau du sergent Elias, le pendant humaniste de Tom Beranger, l'exterminateur. Un rôle marquant (personne n'a oublié sa mort en croix sous le feu des Vietcongs) qui lui vaut une nomination à l'Oscar du Meilleur second rôle. Nouvelle étape avec une galerie de personnages positifs, de l'intègre agent du FBI combattant le KKK dans Mississippi burning au vétéran désabusé de Né un 4-juillet, toujours sous la direction d'Oliver Stone, et dans La dernière tentation du Christ, en Jésus ressuscité par la caméra de Martin Scorsese au grand dam des catholiques intégristes. Les années 90 lui seront beaucoup moins favorables, hormis un second couteau trash dans Sailor et Lula (sa tête explosée est dans toutes les mémoires) et surtout le dealer en quête de rédemption, peut-être son plus beau rôle, dans le méconnu Light sleeper de Paul Schrader. Les autres choix sont plus périlleux, de l'oubliable Sables mortels au mastodonte Danger immédiat, sans parler des catastrophiques Body et Speed 2, pour lesquels il se retrouve nommé aux Razzies Awards 94 et 98 ! Ni le succès planétaire du Patient anglais, ni celui d'estime du pénétrant Affliction, ni celui mitigé d'eXistenZ, et encore moins l'échec de Lulu on the bridge de Paul Auster ne lui remettent vraiment le pied à l'étrier (il n'y fait qu'une apparition), bien qu'il reste toujours un second rôle fort et très recherché, comme le prouve son rôle de manipulateur amoureux de sa proie dans New Rose Hotel. 2001 est une année dense pour l'acteur : sa composition de Max Schreck (mi-homme mi-vampire, surtout acteur de légende du Nosferatu de Murnau) dans L'ombre du vampire lui vaut d'avoir raté de peu l'Oscar du Meilleur acteur (au profit de Russell Crowe). Et son interprétation d'Earl Copen, protecteur d'Edward Furlong dans Animal factory, est pour beaucoup dans la réussite de ce sombre film carcéral. Rebonds, donc, au cœur d'une carrière bien fournie et qui s'étoffe la même année avec, entre autres, un western avec Olivier Martinez (Bullfighter, encore inédit), et un drame sur fond de nazisme avec Haley Joel Osment (Edges of the Lord, pareil). Mais aujourd'hui, c'est pour le très attendu Spider-Man de Sam Raimi, que Dafoe enfile le collant du Bouffon Vert, le méchant du film qui va mettre à mal la gentille araignée incarnée par Tobey Maguire. On devrait le voir l'an prochain aux côtés d'Antonio Banderas et Salma Hayek dans le western Once Upon a Time in Mexico, une fresque où un baron de la drogue s'attaque ni plus ni moins au gouvernement mexicain.
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