On comprend aisément que Walter Matuschankavasky, né le 1er octobre 1920 à New York, ait pris un pseudonyme pour sa carrière cinématographique et théâtrale. Toujours est-il que le futur comédien voit le jour dans un milieu extrêmement pauvre d'émigrants, mais réussit, par un miracle de la volonté que seul le rêve américain pouvait alors permettre, à suivre de solides études d'art dramatique. Matthau débarque à Broadway après la guerre, en 1948, et partage rapidement sa carrière entre cinéma et théâtre. Sur scène, on le découvre dans "Anne of the Thousand Days", puis il tient des rôles à l'importance croissante dans "Season in the Sun", "The Burning Glass" ou "In Any Language". Au cinéma, il débute en cabaretier dans le western signé Burt Lancaster L'homme du Kentucky, puis apparaît dans Derrière le miroir de Nicholas Ray. Deux rôles assez antipathiques, soulignés par le rictus qui habitent en permanence le visage du comédien, et que Charade et Un homme dans la foule ne viennent pas démentir dans l'immédiat. En 1960, il dirige et joue dans un film à petit budget, Gangster Story, qui ne le tire pas de l'ornière, mais il bénéficie alors de ses succès sur scène et trouve finalement des rôles plus intéressants au cinéma dans des comédies où sa méchanceté fait des merveilles. Billy Wilder le dirige ainsi dans La grande combine (Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle) puis le retrouvera pour Spéciale première et Buddy Buddy, trois films où le comédien a pour partenaire Jack Lemmon, avec lequel il forme à l'écran un duo de comiques à la fois losers et pathétiques. On les reverra très souvent ensemble, notamment dans Drôle de couple (1969), ainsi que dans les deux épisodes des séniles Grincheux. En solo, dans les années 70, Walter Matthau affine son registre, passe du personnage traditionnel de boulevard (California Hôtel) à celui d'un aventurier toujours plus malin et plus intelligent que ceux qui le poursuivent (Tuez Charley Varrick). En 1986, il devient un tonitruant brigand des mers dans Pirates, sous la houlette de Polanski, le diable en personne dans Le petit diable de Roberto Benigni, un drôle de sénateur dans JFK ou bien encore Albert Einstein en personne dans L'amour en équation. Son fils Charles Matthau l'a dirigé à deux reprises, dans The Grass Harp et The Marriage Fool, restés inédits en France.
|
