Fils de parents juifs immigrants établis aux Etats-Unis (sa mère vient de Pologne et son père de Russie), le jeune Samuel Fuller devient journaliste criminel à New York à l'âge de 17 ans. Il développe, grâce à cette activité, son intérêt pour les histoires sordides et ses aptitudes rédactionnelles. Féru d'écriture, il rédige des nouvelles, des romans et collabore même à des scénarios. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il est mobilisé dans l'armée américaine et participe notamment aux débarquements en Afrique du nord, en Sicile et en Normandie... Ainsi qu'à la libération d'un camp de concentration. A son retour, il n'est plus le même homme. Cette expérience de guerre aussi longue qu'intense se ressentira dans plusieurs de ses films : Fuller est un cinéaste de la violence, qui ne rechigne pas à explorer les côtés les plus sombres de l'humanité, que ce soit sur les champs de bataille ou ailleurs.
Au lendemain de la guerre, et après avoir participé à l'écriture de plusieurs scénarios (Marge d'erreur d'Otto Preminger, Jenny femme marquée de Douglas Sirk, etc.), Fuller se lance dans la mise en scène, avec J'ai tué Jesse James en 1949. Dès ce premier film, le côté non conventionnel et indépendant du cinéaste s'affirme : Jesse James y est davantage représenté comme un tueur sans pitié que comme un hors la loi charismatique... Ce qui est révélateur de sa volonté à contourner les traditionnels dogmes hollywoodiens : Fuller est un homme en colère. Pas question pour lui de se plier aux exigences des studios. Le cinéaste est parfaitement conscient de horreurs dont l'être humain peut être capable, et le cinéma constitue pour lui un bon moyen d'en rendre compte.
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