Ralph Fiennes (prononcer “Ref Faïns”, en prenant bien soin de rouler le “r”) est né dans le Suffolk le 22 décembre 1962, d'un père photographe et d'une mère romancière. Aîné de six enfants (dont l'acteur Joseph Fiennes et la réalisatrice Martha Fiennes), il grandit entre l'Angleterre et l'Irlande, effectuant une partie de ses études dans la très stricte institution Bishop Woodsworth Boys' School, avant de rejoindre le Chelsea College of Art & Design puis la Royal Academy of Dramatic Arts (RADA), dont il ressort diplômé en 1985 avant un petit tour par le Britain's Royal National Theatre en 1987 et l'accession à la prestigieuse Royal Shakespeare Company en 1988, où il restera le temps de deux saisons, s'illustrant avec brio dans "Henri VI", "Le roi Lear" et "Peines d'amour perdues".
En 1991, il débute à la télévision dans la série à succès "Prime Suspect", ce qui l'amène à être choisi pour incarner Lawrence d'Arabie dans le téléfilm "A Dangerous Man : Lawrence of Arabia", bientôt suivi, pour le cinéma, par Wuthering Heights, aux côtés de Juliette Binoche. Le film (d'après le roman “Les hauts de Hurlevent” d'Emily Brontë) n'est pas une réussite incontournable et n'aura même pas les honneurs de connaître les grands écrans français. Suit un autre rôle à la télévision dans "The Cormorant", puis Peter Greenaway fait appel à lui pour The baby of Mâcon, où on le remarque enfin et en particulier dans une scène à la fois torride et sanglante (le viol, par plus de trois cents hommes, d'une jeune femme, mère d'un enfant en trop belle forme selon les critères du Moyen Age).
Spielberg le demande alors pour le rôle du terrifiant commandant SS Amon Goeth dans La liste de Schindler. Malgré la difficulté d'incarner un personnage aussi négatif, un rôle chez Spielberg ne se refuse pas, et bien en prend Ralph qui se voit ainsi nommé aux Golden Globes et à l'Oscar du Meilleur second rôle, et reçoit plusieurs prix en Angleterre. Il est ensuite à l'affiche de Quiz Show, réalisé par Robert Redford, un film se déroulant dans le milieu de la télévision au début des années 60. Sa carrière internationale est lancée, d’autant plus élégamment que l’acteur possède tous les atouts physiques d'un homme à la distinction très classique, très européenne.
Pourtant, c'est à ce moment qu'il décide alors de remonter sur les planches, choisissant de s'illustrer dans "Hamlet", qui, de succès en triomphe, connaît une tournée mondiale triomphale, du West End londonien jusqu'à Broadway. L'acteur reçoit le Tony Award du Meilleur acteur pour cette prestation, et on le retrouve finalement au cinéma en 1996, dans le rôle principal du futuriste Strange days de Kathryn Bigelow, dont l'action se situe en décembre 1999, puis dans le multi-oscarisé (bien qu'il ne reçoive pas celui du Meilleur second rôle pour lequel il est nommé) Patient anglais, où il tient le rôle-titre, celui d'un aviateur anglais défiguré au cours de la Seconde Guerre mondiale et qui trouve refuge dans une bâtisse en Toscane.
British jusqu'au bout de son regard de velours, force est de constater qu'il est idéal pour reprendre le rôle de Patrick Macnee (John Steed) dans Chapeau melon et bottes de cuir, remake de la célébrissime série télé. Si le film est bel et bien un échec artistique et commercial, Fiennes continue pourtant de tourner, notamment dans le drame romanesque Oscar & Lucinda, pour lequel il se fait teindre en blond. Un rôle d'idéaliste un peu simplet qui tranche nettement avec ses précédents personnages. Ce film étrange et singulier est resté inédit en France, tout comme le drame encostumé Onegin, qui lui donne l’occasion de tourner pour la première fois sous la direction de sa sœur Martha. Par la suite, le comédien s'illustre dans le drame romantique aux relents très christiques La fin d'une liaison et, outre le fait qu'il ait donné de la voix dans deux dessins animés (Jesus himself dans Il était une fois Jésus et Ramsès dans Le prince d'Egypte), il endosse un triple rôle (père, fils et petit-fils) dans la saga Sunshine, qui prend pour théâtre la Hongrie du cœur du XXe siècle.
S'il retourne fréquemment au théâtre pour y tenir les rôles-titres de "Coriolan" et "Richard II" à Londres, New York et Tokyo, sa carrière sur grand écran s'étoffe, même si on est loin de ses débuts fulgurants : impressionnant en schizophrène dans le réfrigérant Spider de David Cronenberg, il est moins bien servi par Dragon rouge, remake inutile de Sixième sens de Michael Mann, puis il joue les utilités romantiques, en séduisant une femme de chambre nommée Jennifer Lopez, dans Coup de foudre à Manhattan. Son rythme de tournage ne faiblit pas, avec six films pour 2005, dont l'excellent The constant gardener (même s'il s'y fait voler la vedette et l'Oscar par sa partenaire Rachel Weisz), Harry Potter et la coupe de feu où son look de Lord Voldemort a été tenu top secret jusqu'au dernier moment, et Chromophobia, second film tourné sous la direction de sa sœur Martha Fiennes, et dans lequel il incarne un homme raffiné, amateur d’art et de belles choses. A l'horizon 2006, Ralph Fiennes affrontera Donald Sutherland dans le drame politique Land of the Blind, jouera le majordome gay de Susan Sarandon pour Doris and Bernard, et reviendra, plus menaçant que jamais, dans Harry Potter et l'Ordre du Phénix. Ceux qui ont lu le roman en pleurent d'avance...
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