Né le 27 mars 1963 à Knoxville, Tenessee, Quentin Tarantino doit son prénom au personnage de Quint, le forgeron métisse interprété par Burt Reynolds dans la série western "Gunsmoke". Il a 2 ans lorsque sa mère, célibataire, s'installe avec lui dans la région de South Bay au sud de Los Angeles, où il passera les deux décennies suivantes. Dans son quartier pluriethnique de Torrance, le jeune Tarantino est exposé à une multiplicité de cultures populaires et s'imprègne des styles de cinéma les plus divers. Les films d'arts martiaux, notamment, seront encore programmés dans les quartiers blacks bien après la fin de la vogue du Kung-fu, et Tarantino pourra ainsi continuer à s'en rassasier jusque vers la fin des années 70. A 17 ans, Tarantino quitte le lycée pour suivre des cours de comédie qu'il finance grâce à de petits boulots. A 22 ans, il se trouve un nouveau port d'attache : embauché comme vendeur aux Video Archives de Manhattan Beach, sa connaissance encyclopédique des vieux films peut enfin s'épanouir et il fait de cette boutique – avec ses collègues Roger Avary et Jerry Martinez – une véritable école de cinéma bis. C'est également à cette époque qu'il commence à écrire pour son cours de comédie. Après avoir travaillé avec Avary et un groupe d'amis à un projet de long métrage à très petit budget, My Best Friend's Birthday, Tarantino connaît plusieurs années frustrantes durant lesquelles il tente vainement de monter deux autres de ses scripts. En 1991, il écrit Réservoir dogs, long métrage minimaliste richement dialogué, et susceptible d'être filmé dans un seul décor. A l'époque, il pense en tirer un film en 16 mm don marché dont ses copains de Video Archives et lui-même tiendraient les rôles principaux. Par chance, un jeune et ambitieux producteur, Lawrence Bender, lit son script, en tombe amoureux et demande à Tarantino d'attendre un mois pour essayer d'en faire un “vrai film”. Bender fait passer le scénario à Harvey Keitel qui s'enfflamme pour le projet, rameute plusieurs autres excellents comédiens et permet au film de bénéficier d'un budget décent. Tourné en extérieurs à Los Angeles en moins d'un mois, Réservoir dogs jouit d'un casting brillant : outre Keitel, on y retrouve Michael Madsen, Steve Buscemi, Tim Roth, Lawrence Tierney, Chris Penn et Tarantino lui-même. Il remporte un triomphe au festival de Sundance et bientôt, à travers le monde entier. Devenu soudain “hot”, Tarantino vend sans mal les deux scénarios écrits avant Réservoir dogs : True romance (que Tony Scott réalise en 1992) et Tueurs nés, qu'Oliver Stone tourne 1993 après l'avoir abondamment réécrit. En 1994, Tarantino signe le jubilatoire Pulp fiction, un extravaguant collage de styles où s'entrecroisent plusieurs histoires policières et une série de personnage hauts en couleur. Jeux virtuoses sur les codes du polar, le temps et l'espace séquences musicales ébouriffantes, humour à l'emporte-pièce, envolées lyriques et bouffées de violence à couper le souffle… Le film remporte la Palme d'or, à Cannes, relance de façon spectaculaire la carrière de John Travolta, conforte le statut de Samuel L. Jackson – impayable en tueur philosophe – et inaugure la féconde collaboration de Tarantino avec celle qu'il appellera joliment “mon actrice” : Uma Thurman. Après un hiatus de trois ans, Tarantino écrit et réalise en 1997 Jackie Brown, d'après le roman policier d'Elmore Leonard "Rum Punch". Pam Grier, idole du cinéma d'action black des années 70 y remporte une double citation au Golden Globe et au Screen Actors Guild, tandis que son partenaire Robert Forster se voit cité à l'Oscar du Meilleur second rôle masculin. Ce casting de rêve est complété par Samuel L. Jackson (également cité au Golden Globe), Robert De Niro, Bridget Fonda et Michael Keaton. Tarantino, dont le but initial était de devenir acteur, continue de jouer dans ses films et dans ceux d'autres réalisateurs. Après avoir interprété Mr. Brown dans Réservoir dogs, et Jimmie Dimmick dans Pulp fiction, il joue un réalisateur dans le sketch "The Man From Hollywood" de Four Rooms, puis le frère barge de George Clooney dans Une nuit en enfer de Robert Rodriguez. Il personnifia aussi le destin dans le film de Jack Baren Destiny Turns the Radio (1995) et apparut brièvement dans Girl 6 de Spike Lee. Sur scène, il incarne durant quelques semaines face à Marisa Tomei le méchant dans la pièce à suspense de Frederick Knott "Wait Until Dark". Associé à Lawrence Bender à la tête de la société A Band Apart, Tarantino a exercé les fonctions de producteur exécutif sur Killing Zoé de Roger Avary. Il a également “présenté”, sous la bannière Miramax, le film d'arts artiaux de Yuen Wo-ping, Iron Monkey, et assuré la production exécutive de la comédie grinçante de Reb Braddock, Curled (1996), et du film de concert de Julia Sweeney God Said “Ha” ! (1999). Au cours de ces quatre dernières années, Quentin Tarantino a aussi travaillé au script d'une épopée guerrière : Inglorious Bastards, qui figure parmi les projets Miramax de l'année 2004. Après le premier volet de la saga saignante, Kill Bill : volume 1, sorti en salle à la fin de l'année dernière, où Uma Thurman dégomme tous ceux qui lui ont valu jadis du mal (elle en veut surtout à Bill qui l'a laissé pour morte le jour de ses noces), Tarantino nous présente aujourd'hui Kill Bill : volume 2, suite et fin de l'aventure, qui s'annonce – à l'image du premier volume – comme une suite d'hommages aux différents styles qui ont marqué le cinéma mondial. Une version ultra violente a même été réalisée par Tarantino pour le Japon, habitué d'après lui aux images fortes. Ames sensibles, s'abstenir…
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