Née à Chicago le 8 avril 1968, Patricia Arquette ne vient pas d'une famille comme les autres. Ses arrière-grands-parents, son grand-père Cliff, son père Lewis, sa sœur Rosanna et ses frères Alexis, David et Richmond, soit quatre générations d'Arquette, appartiennent déjà à la “belle et grande famille” du cinéma. Mardi, la mère, est quant à elle poète. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Patricia baigne dans une atmosphère artistique dès le berceau... Véritable garçon manqué, la gamine se rase la tête à l'âge de 12 ans, et fugue pour aller vivre avec sa grande sœur, à Los Angeles, dont la carrière commence alors à prendre quelque ampleur. Arrêtée pour de menus larcins, Patricia n'en fait alors qu'à sa tête, au grand désespoir de ses parents, ce qui ne l'empêchera pas, tandis qu'elle entame sa seconde année de fac, d'être conseillère-psychologue dans une antenne du planning familial de L.A. L'année 1987 marque un tournant important de la vie de la jeune femme. Profitant de “l’effet Rosanna”, qui vient de cartonner dans Recherche Susan désespérément et Le grand bleu, la petite sœurette fait ses premiers pas cinématographiques dans quelques obscures séries B et, un bonheur n’arrivant jamais seul, rencontre au même moment le déjà célèbre neveu de Francis Ford Copola, Nicolas Cage. Le mariage est envisagé mais la jeune femme y pose trois conditions : il devra lui apporter, en gage d'amour, une orchidée noire, un autographe de l'écrivain J.D. Salinger et une robe de mariée tibétaine. Apparemment, il échoue... Les tourtereaux se séparent et partent vivre leur vie chacun de leur côté. Ils se retrouveront... Après avoir participé au premier long métrage de Sam Shepard, Far North et à celui de Sean Penn, Indian runner, dans lequel elle interprétait la jolie jeune femme de Viggo Mortensen, Patricia Arquette donne la réplique à Liam Neeson dans Ethan Frome et à Michael Madsen dans Trouble Bound, deux films restés inédits en France. Menant de front vie professionnelle et vie sentimentale, Patricia tombe amoureuse d'un musicien, Paul Rossi, mais le quitte un mois après la naissance de leur enfant, Enzo. Lequel jouera, 7 ans plus tard, le rôle du fils de sa mère dans Rangoon de John Boorman, qui révèle définitivement la comédienne au public français, Festival de Cannes et concours de T-shirts mouillés aidant... Sur le tournage de ce drame où une jeune Américaine se retrouve prise au cœur d'événements politiques en Birmanie, la jeune femme avoue se distraire en jouant “comme une folle avec les flaques de sang”... Deux ans auparavant, elle connassait son premier grand succès public aux côtés de Christian Slater dans le road-movie romantico-trash True romance. Sur un scénario de Quentin Tarantino, elle y incarnait Alabama Whitman, une prostituée (mais pas trop) tombant amoureuse (et réciproquement) d'un jeune cinéphile prêt à tout pour la sortir de sa condition... Continuant sur sa lancée, Patricia décroche, en 1995, le rôle de l'épouse de Johnny Depp dans le Ed Wood de Tim Burton. En 1996, la comédie de David O. Russell, Flirter avec les embrouilles, confirme la grande diversité de ses dons et l’étendue de son registre de comédienne, du drame à la comédie. Le film en noir et rouge de David Lynch, Lost highway, lui donne bientôt l'occasion de relever un nouveau challenge : jusque-là, elle avait toujours refusé de se déshabiller devant la caméra, éprouvant un réel malaise avec la nudité. Pour incarner une femme emprisonnée dans une relation obsédante et destructrice, le nu était pourtant, d'après le réalisateur, un passage obligé. Prenant son courage à deux mains, elle décide de faire de cette expérience une catharsis et de se débarrasser une fois pour toutes de ses complexes. Résultats concluants : elle est alors considérée comme la nouvelle bombe sexuelle de Hollywood ! Manipulatrice diabolique dans Goodbye lover, coiffeuse new-yorkaise possédée par l'âme d'un prêtre dans le névrotique Stigmata, celle qui passe de l'ange au démon avec une aisance remarquable incarne en 1999 la jeune paumée d'A tombeau ouvert, tourné aux côtés de son mari (mais plus pour longtemps) Nicolas Cage. Renouant un temps avec les voies impénétrables et burlesques du seigneur dans Little Nicky de Steven Brill, où elle apprend l'Amour a un apprenti-diablotin, la belle Patricia, actrice inclassable, revient aujourd'hui en jeune naturaliste au système pileux surabondant dans Human nature.
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