Né le 13 février 1938 à Wimbledon, en Angleterre, fils du journaliste sportif Peter Reed et neveu du réalisateur Carol Reed (Le troisième homme), Oliver Reed quitte rapidement l'école et exerce moult petits métiers (videur, employé d'hôtel, boxeur, chauffeur de taxi...) avant de finalement aborder le 7e Art à l'orée des années 60. Ses premiers pas sont modestes : il n'est que figurant dans de petites productions anglaises, mais gagne progressivement ses galons d'acteur de complément sous la direction de Basil Dearden, Edmond T. Gréville et Guy Green, puis fait la rencontre de Terence Fisher, maître du film d'épouvante, qui l'emploie, à la Hammer, dans Le serment de Robin des bois et Les deux visages du Dr. Jekyll, où il n'officie néanmoins que dans le rôle d'un videur de boîte de nuit. Finalement, c'est avec La nuit du loup-garou (et le loup-garou, c'est lui), qu'Oliver Reed atteint le haut de l'affiche. Son rôle dans Les damnés, est typique des emplois de mauvais garçon, massif, inquiétant, imprévisible, qu'il connaît alors, rôles dont il se dégagera rapidement grâce à la confiance de Michael Winner, dont il deviendra l'un des interprètes de prédilection, et qui prend le relais en lui offrant ses premiers emplois romantico-bouffons dans The System, Scotland yard au parfum et Qu'arrivera-t-il après ?. En 1968, Oliver Reed tourne la fresque Oliver (l'histoire d'Oliver Twist) sous la direction de son oncle Carol, puis interprète Debussy dans un documentaire télévisé qui marque le début d'une longue et fructueuse collaboration avec Ken Russell. C'est le triomphe de Love, où Oliver Reed et Alan Bates combattent à l'épée entièrement nus (scène mémorable), qui lance l'acteur anglais sur la scène internationale, où son physique trapu, son regard bleu roi, profond et menaçant, et sa gouaille caverneuse font de lui un acteur de second plan particulièrement apprécié des superproductions à costumes (la série des Trois mousquetaires). Il tourne aussi dans des comédies et autre western-spaghetti, apparaît aussi en thérapiste révolutionnaire dans le canadien Chromosome 3 de David Cronenberg, tourne sous la direction d'Anatole Litvak dans le polar La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil. Mais des années 70, on retient évidemment avant tout sa collaboration avec Ken Russell, qui lui offre son rôle le plus extraordinaire avec celui de Grandier, dans Les diables, prêtre qui provoque l'hystérie sauvage et lascive des nonnes de sa paroisse. Un personnage paroxystique et grandiose, totalement maîtrisé par le comédien qui a parfaitement su s'adapter à l'univers grandiloquent de Ken Russell. Russell qui en fera le beau-père halluciné, puis massacré, de l'opera-rock Tommy, et qui lui offrira l'occasion de quelques apparitions plus courtes dans Mahler et Lisztomania. Le début des années 80 marque pourtant une stagnation dans l'inspiration des metteurs en scène, qui ne proposent plus à Oliver Reed que de la parodie de fantastique, de la série B horrifique puis, à partir de 1985, de la série Z quasi-invisible sauf en vidéo. Il s'y illustre en tant que capitaines, généraux, médecins ou hommes d'église maléfiques... mais revient de temps en temps aux films plus “nobles” en incarnant par exemple Vulcan dans Les aventures du baron Munchausen de Terry Gilliam. En 1998, Oliver Reed retrouve son réalisateur fétiche Michael Winner pour la comédie Parting Shots, réunissant également John Cleese, Diana Rigg et Ben Kingsley, puis tourne Gladiator, de Ridley Scott, dans le rôle du laniste Proximo. Son dernier rôle, puisque le comédien trouve la mort, le 2 mai 1999, à Chypre, sur les lieux du tournage, quelques jours après avoir joué sa dernière scène. Hommage à un grand acteur électrique, méconnu et dont la carrière embrassa tous les genres, toutes les époques et tous les styles pendant près de quarante ans.
|