Née le 22 avril 1946, à Oran, en Algérie, Nicole Garcia se découvre l'amour du théâtre dès ses études secondaires, grâce, dit-elle, “à un professeur de français qui, en classe de quatrième, nous parlait de Gérard Philipe et du TNP”. En remontant encore un peu plus loin, Nicole Garcia se rappelle que, dès l'âge de 12 ans, elle adorait la récitation. En “montant à Paris”, elle s'inscrit à la Faculté de droit, et suit en parallèle des cours d'art dramatique, et finit par entrer au Conservatoire. Tournant tout d'abord deux ou trois films d'importance mineure, elle obtient, en 1969, le Premier prix de comédie moderne et se dirige tout naturellement vers son rêve : le théâtre. Elle travaille avec des metteurs en scène réputés, comme Jean-Pierre Bisson (qui la dirige dans "Smoking", "Pavese" et "Les caprices de Marianne"), Roberto Girones ("Tambour dans la nuit", "Le règne blanc"), Jean-Pierre Miquel ("Suréna", "Oncle Vania"), Arcady ("La mouche qui tousse"), Livio Ciulei ("Elisabeth I") ou encore Roger Planchon ("Antoine et Cléopâtre" et "Périclès, Prince de Tyr"). C'est au théâtre que vont la remarquer des réalisateurs de cinéma tels que Jacques Rivette (qui lui offrira un petit rôle dans Duelle) et Alain Resnais. Entre-temps, elle trouve avec Bertrand Tavernier son premier vrai rôle à l'écran, dans Que la fête commence, en 1975. Elle est aussi l'épouse du personnage principal de La question, film sur la torture pendant la guerre d'Algérie tourné en partie sur le sol où elle a vu le jour. Mais c'est en 1980 que Nicole Garcia obtient la consécration : d'une part en empochant le César du Meilleur second rôle féminin pour Le cavaleur de Philippe de Broca, d'autre part en endossant le premier rôle féminin de Mon oncle d'Amérique, d'Alain Resnais, qu'elle considère comme un “film-charnière” dans sa carrière de comédienne. Elle s'y impose dans le profil qui va faire d'elle une des actrices phare des années 80 : entre douceur et sévérité, à la fois fragile et forte, elle sera ainsi une étonnante présentatrice du journal télévisé dans Le quatrième pouvoir, qui dénonce les abus des médias sur le monde politique. Mais elle tourne également pour la télévision : sous la direction de Marcel Camus ("Ce diable d'homme"), de Michel Favart ("Aurélien"), de Caroline Huppert ("L'apprentissage dans la ville") ou de Jacques Doillon ("Un homme à la mer"). Au cinéma, elle reste fidèle à quelques metteurs en scène : Claude Lelouch (dont Les uns et les autres lui offre un de ses rôles les plus importants), Michel Deville, avec lequel elle tourne trois fois ("Les capricieux" pour la télévision, le vénéneux Péril en la demeure et, plus récemment, Aux petits bonheurs.) Elle tient un des trois rôles principaux du film de sa consœur Brigitte Roüan dans Outremer suivant d'ailleurs son exemple en se lançant également dans la réalisation, et avec succès : outre son court métrage 15 août, datant déjà de 1985, elle réalise un très joli film intimiste sur le divorce, Un week-end sur deux, avec Nicole Garcia, puis un autre sur une fratrie déchirée, Le fils préféré, avec Bernard Giraudeau, Gérard Lanvin et Jean-Marc Barr. Deux succès critiques et publics qui l'amènent, en 1997, à entrer dans la cour des grands avec le polar sur fond de joaillerie Place Vendôme, qui mettait en vedette Catherine Deneuve, Jean-Pierre Bacri et Jacques Dutronc. Plus rare devant les caméras depuis quelques années, elle était il y a deux ans l'épouse d'un homme dépressif, incapable de négocier le virage de la cinquantaine dans Kennedy et moi. Alors qu'elle a mis en boîte son quatrième long métrage l'an dernier, L'adversaire, d'après le fait divers dont Pierre Romand fut le “héros”, Nicole Garcia replonge au bord de la folie, dans Betty Fisher et autres histoires, de Claude Miller, sous la houlette duquel elle tourne pour la première fois. Elle revient cette année dans le film noir de Philippe Harel, Tristan, où elle incarne une brillante et austère psychiatre (mais qui aime un peu trop la bière de garde) en charge de dessiner le profil psychologique d'un dangereux sociopathe qui fait mourir ses victimes d'amour... On la verra ensuite une seconde fois auprès de Claude Miller, dans La petite Lili, d'après la pièce de Tchekhov, "La mouette", dans le rôle de Mado, comédienne célèbre dont la carrière reprend un second souffle grâce aux films d'un réalisateur en vogue... C'est tout le bien qu'on lui souhaite !
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