Né en Angleterre en 1933, John Boorman voit son enfance placée sous le signe d'une éducation jésuite pour le moins rigoureuse, et se lance à 17 ans dans la critique de cinéma, rédigeant notamment des émissions sur le Septième art pour la télévision. Il gravit peu à peu les échelons au sein de la BBC : en quatre ans, il passe de stagiaire monteur à réalisateur de documentaires (il en signera une cinquantaine, dont un consacré au cinéaste D.W. Griffith). En 1965, il se lance dans le long métrage de fiction avec Sauve qui peut, une comédie farfelue, clin d'œil aux Quatre garçons dans le vent des Beatles. Mais c'est avec Le point de non-retour, son deuxième film, tourné aux Etats-Unis, que Boorman impose sa patte : ce polar d'une noirceur et d'une violence inouïes fait preuve d'un sens visuel surprenant, qui verra son apogée dans le mythique Excalibur. John Boorman n'est jamais aussi à l'aise que dans un univers masculin dont les tensions internes se retrouvent exacerbées par l'environnement naturel. On pense à l'affrontement entre Lee Marvin et Toshiro Mifune de Duel dans le Pacifique, mais aussi au calvaire des quatre citadins de Délivrance. Une œuvre culte et choc où le retour à la nature vire au cauchemar (le viol de Ned Beatty a marqué toutes les âmes... sensibles), et qui valut à Boorman une nomination à l'Oscar du Meilleur film et du Meilleur réalisateur. Difficile cependant de cerner une carrière où Boorman aborde des genres aussi différents que la science-fiction (avec l'ovni Zardoz), le film d'horreur à prétentions mystiques (L'exorciste II) ou la fable écolo (La forêt d'émeraude). Sa réussite la plus incontestable demeure Excalibur, qui visite le mythe du Graal au travers de la quête des chevaliers de la Table Ronde : un film foisonnant, plastiquement magnifique et animé d'un véritable souffle épique. Mais Boorman a du mal à retrouver son inspiration et ses derniers films, Tout pour réussir, une comédie dans la veine de Capra, ou encore Rangoon, dénonciation du régime militaire birman, ne soulèvent pas l'enthousiasme du public. On peut dire que Le Général, filmé en noir et blanc, est de la veine de ses meilleurs films : cette chronique d'un destin hors du commun lui a valu à nouveau le prix de la mise en scène à Cannes... Vingt-huit ans après son étrange Leo the last. C'est ce qu'on appelle un come-back réussi...
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