Avec sa silhouette de grand dadais et son visage aux oreilles décollées, Christian Marin fait partie de ces comédiens appréciés du public français, mais dont les spectateurs ne connaissent pas forcément le nom. Côtoyant les plus grandes têtes d'affiche du cinéma comique de l'Hexagone, Christian Marin est un véritable "touche à tout", se consacrant au cinéma, à la télévision et - peut-être surtout - au théâtre, activité qu'il définit, à l'instar de plusieurs de ses futurs partenaires, comme son premier grand amour. Ses deux rôles principaux, ceux pour lesquels le grand public le connait et lui confère cette fameuse image du bon copain sympathique et maladroit, sont celui du maréchal des logis chef Merlot dans les 4 premiers volets consacrés aux incontournables gendarmes, et celui de Laverdure dans la célèbre série Les Chevaliers du ciel. Ces deux prestations des plus remarquées représentent néanmoins la partie émergée d'un parcours exceptionnel, principalement orienté vers la comédie populaire.
S?illustrant sur les planches dès les années 1950 - activité qu'il ne mettra jamais de côté - Christian Marin débute sur grand écran en jouant dans Les Tortillards (1960), La Belle Américaine (1961) et Bébert et l'omnibus (1963), trois comédies dans lesquelles ses prestations lui permettent de se faire remarquer dans le milieu (dans la première, il donne la réplique pour la première fois à un De Funès encore méconnu). Il enchaîne ce type de "petits" rôles, avant de se voir confier le personnage - plus consistant cette fois - d'un valet faussement rigide dans Pouic-Pouic, grand succès de l'année 1963 (plus de 2 millions d'entrées sur le sol français), lui offrant la chance de travailler avec l'un des duos les plus lucratifs du cinéma français : Louis De Funès et Jean Giraud.
Une rencontre déterminante pour sa carrière, les trois hommes réitérant leur collaboration sur Le Gendarme de Saint-Tropez, ultime jackpot de l'année 1964 (environ 8 millions d'entrées) et référence intergénérationnelle en termes de comédie franchouillarde. Le succès est tel que 5 suites presque aussi rentables sont mises sur les rails jusqu'en 1982 (date de sortie du Gendarme et les gendarmettes, dernier opus de la franchise), Christian Marin ne participant pas aux deux dernières (considérées comme les moins bonnes !). Son personnage de gendarme gaffeur et souffre-douleur de De Funès reste à jamais gravée dans les annales.
S?affichant dans d'autres films entre deux épisodes des gendarmes - dont la comédie légère L'Abominable homme des douanes (1963), le méconnu Les Copains (1965), le polar Compartiment tueurs, -, Christian Marin décroche en 1967 le rôle du pilote dragueur et gaffeur Laverdure, pour les trois saisons de la série Les Chevaliers du ciel. En tête d'affiche aux côtés de Jacques Santi (interprétant le réservé et méticuleux Michel Tanguy, contrastant ainsi avec le personnage tenu par Marin), les deux comédiens composant le fameux duo portent cette série à succès pendant 3 ans.
S?il ne s?est jamais éloigné des planches, c'est au théâtre de boulevard que Christian Marin choisit d'orienter sa carrière après Le Gendarme en balade en 1970. Ainsi, les représentations auxquelles il participe sont nombreuses, allant de pièces de Molière à Julien Vartet, en passant par Bruno Druard. En parallèle, le comédien continue de s?afficher au cinéma (La Dernière bourrée à Paris en 1973, Le Commando des chauds lapins en 1975), avec un rythme moindre cependant. Se consacrant pleinement à la scène dans les années 1980, 1990 et 2000, Christian Marin trouve encore, à 83 ans, la force de tourner aux côtés de François Berléand dans le film Dead Man Talking (2012).
Auteur : Laurent Schenck
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