Diplômé de l'Académie des Arts d'Islande, Baltasar Kormakur est l'un des acteurs les plus doués de sa génération. C'est sur les planches qu'il s'illustre d'abord, jouant, produisant ou dirigeant des mises en scène indépendantes extrêmement populaires. Jusqu'en 1997, on le retrouve souvent sur la scène du Théâtre National d'Islande, ou travaillant - la décennie suivante - pour son propre théâtre. Touche-à-tout, même lorsqu'il aura mis un pied dans le monde du cinéma, son amour du sixième art le conduit également à la mise en scène de pas moins de dix productions en Islande et à l'étranger, notamment des comédies musicales comme "Hair", "The Rocky Horror Picture Show" ou des drames tel que le classique shakespearien "Hamlet".
En 2000, c'est avec le film 101 Reykjavik pour lequel il s'investit corps et âme (scénariste, réalisateur, acteur et même producteur !) qu'il obtient la reconnaissance publique et remporte de nombreux prix, notamment aux prestigieux festivals de Toronto et de Locarno. Grâce au succès international de cette comédie dramatique, il crée sa propre société de production, Blueeyes Productions. S'il est à l'affiche des Anges de l'univers de Fridrik Thor Fridriksson (2000), ou de No Such Thing réalisé par Hal Hartley (2001), la passion de la réalisation ne le quitte pas. Avec The Sea (2001), il propose un drame familial qui a pour cadre le monde de la pêche et les fjords.
Ses prestations en tant qu'acteur alternent ensuite entre productions "nordiques", avec Me and Morrison de Lenka Hellstedt (2001), nord-américaines, Régina ! de Maria Sigurdardottir (2002), et même franco-islandaises avec Stormy Weather de Solveig Anspach (2003). Son retour à la réalisation se produit en 2004 avec Crime City, un thriller américain dans lequel il dirige les stars Julia Stiles et Forest Whitaker. Même lorsqu'il tourne en langue anglaise, son travail est salué, puisque le film remporte le Prix de la Critique au Festival du Film Policier de Cognac.
En 2007, avec Jar City, Baltasar Kormakur revient dans sa ville natale, Reykjavik, pour y tourner un thriller sombre pour lequel il est récompensé du Prix du Meilleur réalisateur de l'année aux Edda Awards, les César islandais. Il faut dire que son succès est immense : avec plus de 100 000 entrées, Baltasar Kormakur rassemble autour de Jar City un tiers de la population de son pays ! Sur un ton beaucoup léger, il s'essaye l'année suivante à une comédie de mariage, White Night Wedding, qui s'inspire des personnages de la pièce "Ivanov" d'Anton Tchekov. Il signe en 2010 un nouveau thriller américain, Etat de choc, avec Diane Kruger et Sam Shepard, mais la sortie de son nouvel opus est confidentielle.
Il lui faut donc attendre Contrebande pour retrouver le chemin des salles obscures. Un projet qui lui tient particulièrement à c'ur, puisqu'il s'agit de l'adaptation américaine de Reykjavik-Rotterdam (2008), un thriller qu'il produisait... et dont il était la star. Ici, c'est Mark Wahlberg qui reprend le rôle du cinéaste. Son personnage, un ancien criminel rangé des affaires, cherche à sauver sa famille - composée de Kate Beckinsale et Caleb Landry Jones -, de trafiquants de drogue. Le film est un joli succès au box office, installant Baltasar Kormakur un peu plus dans le paysage hollywoodien, loin des contrées de son Islande natale.
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