Alejandro Amenábar est né en 1972 à Santiago du Chili, capitale dudit pays, d'une mère espagnole et d'un père chilien. Chassée par le coup d'état de Pinochet un an plus tard, la famille émigre en Espagne. Alejandro grandit et étudie à Madrid, notamment à la faculté des sciences où, dit-on, il ne fut pas un brillant élève. Finalement, il abandonne ces très sérieuses études pour se consacrer à plein temps à sa vraie passion : le cinéma. Et réalise son permier court, La cabeza, à l'âge de 19 ans, puis en 1992, tourne Himenóptero, un autre court, thriller à suspense révéré dans les festivals, dans lequel il tient un rôle et dont il compose aussi la musique. Après Luna en 1995, son troisième court, il passe finalement au long avec le très malsain Tesis, cauchemar éveillé dans lequel une jeune étudiante en cinéma (jouée par Ana Torrent) pénètre l'univers morbide des snuff-movies. Ouvre les yeux, réalisé deux ans plus tard, avec Penélope Cruz et Eduardo Noriega dans les premiers rôles, mélange onirisme et réalisme, vrai et faux, ouvre et ferme les tiroirs d'une intrigue excessivement complexe, dans lequel un homme se retrouve défiguré après un accident de voiture. Le film sortira dans le monde entier, et se fait notamment remarquer à Hollywood où un remake, Vanilla Sky, sera tourné quatre ans plus tard sous la direction de Cameron Crowe, avec à nouveau Penélope Cruz mais aussi Tom Cruise. Entre-temps, Amenábar est entré dans le sérail hollywoodien par une autre porte, puisqu'il réalise aujourd'hui son premier film en langue anglaise, Les autres, avec Nicole Kidman dans le rôle d'une mère qui, cloîtrée dans un château sur l'île de Jersey en 1945, protège plus que de raison ses deux enfants incapables de supporter le moindre rayon de lumière. Produit par Tom Cruise (décidément grand fan d'Alejandro Amenábar), la musique des Autres est encore et toujours composée par le réalisateur espagnol, qui a également œuvré sur celle de La langue des papillons et Jeu de rôles. Habité de thématiques riches et complexes, passionné par le cinéma de genre qu'il “transgresse” par une utilisation très habile et pleine de maestria de la technique (ses films sont excessivement soignés, construits et montés), Alejandro Amenábar est sans nul doute plus qu'un grand espoir du néo-cinéma espagnol : un futur grand du cinéma mondial tout court.
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